Chimiothérapie
La chimiothérapie est l'usage de certaines substances chimiques pour traiter une maladie. C'est une technique de traitement à part entière tout comme la chirurgie.
Recherche sur Google Images :
Source image : suva.ch Cette image est un résultat de recherche de Google Image. Elle est peut-être réduite par rapport à l'originale et/ou protégée par des droits d'auteur. |
Définitions :
- Traitement général du cancer avec médicaments. Ces médicaments visent à détruire les cellules cancéreuses ou à les empêcher de ... (source : reseau-roca)
La chimiothérapie est l'usage de certaines substances chimiques pour traiter une maladie. C'est une technique de traitement à part entière tout comme la chirurgie. La première utilisation connue de la chimiothérapie remonte à l'usage de l'écorce de quina par les Indiens du Pérou, dans le traitement de fièvres telles que la malaria.
Le père de la chimiothérapie moderne est Paul Ehrlich, dans le laboratoire duquel, en 1908, Sahachiro Hata a découvert l'arsphénamine, un composé d'arsenic utilisé pour traiter la syphilis et la trypanosomiase. Plus tard vinrent les sulfamidés découverts par Domagk[1] et la pénicilline G, découverte en 1929 par Alexander Fleming.
Actuellement et dans le langage familier, le terme «chimiothérapie» est essentiellement utilisé pour désigner les traitements contre le cancer. Le reste de cet article ne traitera que de ce sujet précis. On sert à désigner l'antibiothérapie comme chimiothérapie antibactérienne mais, dans la pratique médicale, le mot est plus généralement utilisé dans le contexte du traitement de la tuberculose.
Une autre utilisation des agents chimiothérapeutiques est le traitement des maladies auto-immunes.
Chimiothérapie anti-cancéreuse
Le cancer est la multiplication incontrôlée de cellules, due à des mutations génétiques (ADN endommagé) et , de façon occasionnelle, à une prédisposition héréditaire à développer certaines tumeurs.
La majorité des substances chimiothérapeutiques fonctionnent par arrêt de la mitose (division cellulaire), en ciblant efficacement les cellules se divisant trop rapidement. Comme ces substances peuvent endommager les cellules, elles sont dites «cytotoxiques». Certaines de ces molécules provoquent un véritable «suicide cellulaire» : l'apoptose.
Malheureusement, les chercheurs ne sont pas, à ce jour, capables de localiser des caractéristiques spécifiques des cellules malignes, qui les rendraient exactement identifiables (mis à part quelques exemples récents tels le «chromosome de Philadelphie» ciblé par le mésilate d'imatinib). Cela implique que d'autres cellules à division rapide, telles les cellules responsables de la pousse des cheveux ou de la régénération de l'épithélium intestinal, ou les cellules sanguines, sont aussi affectées. Ceci explique les effets secondaires fréquemment rencontrés, comme la perte des cheveux, les infections (destruction des globules blancs), anémies (destruction des globules rouges) et les hémorragies (destruction des plaquettes). Cela nécessite quelquefois des moyens de lutte contre ces effets secondaires : mise en chambre stérile, transfusions sanguines, injections d'érythropoïétine (EPO) …
Cependant, certaines molécules produisent moins d'effets secondaires que d'autres, autorisant les médecins à ajuster les régimes à l'avantage de certains patients, occasionnellemen.
Dans la mesure où la chimiothérapie affecte la division cellulaire, les tumeurs à forte croissance (cas des leucémies ou de la maladie de Hodgkin) sont plus sensibles au traitement car une grande partie des cellules tumorales effectuent des divisions cellulaires en continu.
Les cellules cancéreuses sont le produit d'une mutation ou de plusieurs mutations de cellules normales, ayant le plus souvent, à l'origine, une différentiation des autres cellules de par leur fonction précise dans l'organisme. Avec le temps, les cellules tumorales accumulent plus de mutations et perdent progressivement cette différentiation et ce fonctionnement normal. Les substances chimiques utilisées en chimiothérapie affectent plus efficacement les «jeunes» tumeurs (c'est-à-dire les plus différenciées) car le plus souvent, à un plus haut niveau de différenciation, la cellule préserve toujours au moins une partie de son fonctionnement d'origine, dont le contrôle de la multiplication. Aussi, autour du centre de certaines tumeurs solides, il n'y a plus de division cellulaire, ce qui rend ces cellules insensibles à la chimiothérapie. Un autre problème avec les tumeurs solides est que les agents utilisés atteignent rarement le centre de la tumeur. Pour résoudre ce problème, on a recourt à la curiethérapie et , évidemment, à la chirurgie.
Types et posologie des médicaments
La majorité des médicaments en chimiothérapie peuvent se subdiviser en : agents alkylants, anti-métabolites, alcaloïdes végétaux, inhibiteurs de la topoisomérase, et antibiotiques antitumoraux. Tous ces médicaments affectent à un certain point la mitose ou la synthèse et la fonction de l'ADN.
Certains nouveaux agents n'agissent pas directement sur l'ADN. C'est le cas du nouvel inhibiteur de la tyrosine kinase mésylate d'imatinib, qui cible directement une anormalité moléculaire chez certains types de cancer (leucémie, cancer du côlon).
D'autres médicaments modifient le comportement des cellules tumorales sans pour tout autant attaquer directement les cellules. On utilise surtout des hormones pour ce genre de thérapie adjuvante.
Le dosage de chimiothérapie peut être particulièrement complexe : une dose trop faible sera inefficace contre la tumeur, tandis qu'à dose excessive la toxicité sera inacceptable pour le patient. C'est pourquoi dans énormément d'hôpitaux ont été mis en place des «procédés de dosage» afin d'obtenir des traitements corrects.
En général, le dosage est ajusté à la «surface du corps» du patient, approximée par un calcul à partir de sa taille et de son poids.
Agents alkylants
Les agents alkylants sont ainsi appelés grâce à leur capacité à ajouter un groupe alkyle à la plupart de groupes électronégatifs dans certaines conditions (présentes dans les cellules cancéreuses). Ils arrêtent la croissance de la tumeur en liant ensemble les nucléotides guanines dans la double hélice d'ADN, attaquant ainsi directement l'ADN. Les deux brins ne peuvent ainsi pas se dérouler ni se séparer, entraînant pour la cellule une incapacité à répliquer son ADN : la cellule ne peut alors plus se diviser. Ces agents n'agissent le plus souvent pas particulièrement, certains nécessitent une conversion in vivo en substances actives (par exemple le cyclophosphamide).
Exemples : cisplatine ; carboplatine (ou paraplatine) ; ifosfamide ; chlorambucil ; busulfan ; thiotépa.
Anti-métabolites
Les anti-métabolites prennent la place des purines ou des pyrimidines qui sont les composants élémentaires de l'ADN, les nucléotides. Ces éléments ne peuvent alors pas s'incorporer à l'ADN lors de la phase S du cycle cellulaire, arrêtant ainsi le développement et la division cellulaire.
Les anti-métabolites se répartissent en trois groupes selon le type de cible qu'ils atteignent :
- Les antipyrimidines. Par exemple le 5-fluoro-uracile (5FU) qui inhibe la thymidylate synthase.
- Les antipurines. La fludarabine inhibe l'ADN polymérase, l'ADN primase et l'ADN ligase I et est exclusivement active lors de la phase S (dans la mesure où ces enzymes sont particulièrement actives lors de la réplication cellulaire).
- Les antifolates. Le méthotrexate (antagoniste du folate) inhibe la dihydrofolate réductase, enzyme principale à la synthèse des purines et des pyrimidines.
L'hydroxyurée peut aussi être classée parmi les anti-métabolites.
Alcaloïdes végétaux
Ces alcaloïdes sont des dérivés de végétaux et bloquent la division cellulaire en empêchant la synthèse des microtubules et la formation du fuseau mitotique. Ce fuseau est vital pour la division cellulaire, qui ne peut alors plus s'effectuer.
Exemples :
- les vinca-alcaloïdes comme la vincristine, la vinblastine ou la vinorelbine qui se lient à des sites spécifiques de la tubuline, inhibent l'assemblage des tubulines en microtubules.
- Le nouveau groupe de taxanes (paclitaxel [de Taxis brevifolia ] avec son dérivé synthétique docétaxel) inhibe la division en stimulant la polymérisation des tubulines, perfectionnant la formation et la stabilité des microtubules. Ceux-ci ne peuvent alors pas se dégrader, et les chromosomes ne peuvent plus migrer vers les pôles du noyau.
- Les épothilones, produits d'une myxobactérie, ont le même mécanisme d'action que les taxanes, et semblent avoir une activité anticancereuse identique.
Inhibiteurs de la topoisomérase
Les topoisomérases sont des enzymes principales qui maintiennent la topologie de l'ADN. L'inhibition de la topoisomérase de type I ou de type II gènent à la fois la et la réplication de l'ADN en dérangeant le superenroulement de l'ADN.
Exemples d'inhibiteurs du type I : dérivés de la camptothécine.
Exemples d'inhibiteurs du type II : amsacrine ; anthracyclines ; dérivés de l'épipodophyllotoxine.
Antibiotiques antitumoraux
Il y a énormément d'antibiotiques antitumoraux divers, mais généralement ils empêchent la division cellulaire par plusieurs moyens :
- liaison à l'ADN en s'intercalant entre deux bases de nucléotides adjacents et en les empêchant de se séparer ;
- inhibition de l'ARN empêchant la synthèse d'enzymes ;
- gène de la réplication cellulaire.
Ils sont produits par diverses souches de la bactérie Streptomyces. Exemples :
- anthracyclines : doxorubicine et daunorubicine (qui inhibent aussi la topoisomérase II) ;
- actinomycine D ; mitomycine C ; plicamycine ; bléomycine. Ce dernier agit de manière unique en oxydant le complexe ADN-bléomycine-Fe (II) formant ainsi des radicaux libres, qui induisent des dommages et des aberrations chromosomiques.
Hormonothérapie
Plusieurs types de tumeurs peuvent être traités avec hormones. Des cancers constitués dans des tissus tels que les glandes mammaires et la prostate peuvent être inhibés ou stimulés par des changements appropriés dans la régulation des hormones.
- les stéroïdes (fréquemment le dexaméthasone) peuvent inhiber la croissance de la tumeur ou de l'œdème associé (tissu enflé) et ainsi causer la régression de la tumeur du ganglion lymphatique.
- le cancer de la prostate est assez sensible à la finastéride, un agent qui bloque la conversion périphérique de la testostérone en 5-hydroxytestostérone ; en d'autre termes, la 5-hydroxytestostérone qui est censée stimuler la prostate n'est plus fabriquée, résultant en une inhibition de la croissance cellulaire du cancer de la prostate.
- les cellules du cancer du sein expriment fréquemment de manière importante les récepteurs aux œstrogènes et/ou à la progestérone. L'inhibition de la production (avec des inhibiteurs d'aromatases) ou de l'action (avec le tamoxifène) de ces hormones peuvent fréquemment être utilisés en association avec la thérapie. Les cellules mammaires ne sont en effet plus stimulées par les hormones sexuelles, celles-ci ne pouvant pas stimuler les cellules du fait de l'absence des récepteurs.
- des agonistes de la GnRH (Gonadotropin-releasing hormone ou gonadolibérine) comme la gosereline possèdent un effet de rétrocontrôle négatif paradoxal suivi de l'inhibition de la libération de FSH et de LH s'ils sont donnés en continu. Ces hormones ne stimulent alors plus la croissance de leurs cellules cibles, comprenant les cellules de la tumeur visée.
D'autres tumeurs sont aussi sensibles aux hormones, quoique leur mécanisme spécifique reste toujours flou.
Procédures de traitement
Il y a un certain nombre de stratégies d'administration des substances chimiothérapeutiques utilisées actuellement. La chimiothérapie peut être donnée dans l'intention de guérir ou bien elle peut viser à prolonger la vie ou pallier certains symptômes.
- On peut combiner la chimiothérapie avec d'autres traitements comme la chirurgie ou la radiothérapie. Énormément de cancers sont traités de cette manière aujourd'hui.
- La chimiothérapie combinée est une pratique identique qui sert à désigner un traitement du patient avec plusieurs médicaments différents et simultanément. Ces substances changent dans leur mécanisme et leurs effets secondaires. L'avantage principal que cela apporte est la minimisation des chances de résistance pouvant se développer à l'encontre d'un des agents utilisés.
- Lors d'une chimiothérapie néo-adjuvante (ou traitement pré-opératoire), la chimiothérapie vise à diminuer la tumeur, rendant ainsi une thérapie locale (comme la chirurgie ou la radiothérapie) moins destructive et plus efficace.
- A l'opposé, une chimiothérapie adjuvante (ou post-opératoire) est utilisée lorsque la présence de la tumeur est peu visible, mais il y a alors des risques de récurrence : cela peut en effet diminuer les chances de résistance développée dans le cas du développement de la tumeur. C'est d'autre part utile pour tuer les cellules cancéreuses qui auraient migré vers d'autres parties de l'organisme. Cette thérapie se révèle particulièrement efficace dans le cas de nouvelles tumeurs qui croissent et dont les cellules se divisent rapidement, et qui sont par conséquent particulièrement sensibles au traitement.
Énormément de chimiothérapies nécessitent que le patient puisse supporter le traitement. La performance diagnostique est fréquemment utilisée comme mesure pour déterminer si un patient peut recevoir une chimiothérapie ou si on doit diminuer la dose administrée.
Modes d'administration
La plupart du temps la chimiothérapie est administrée par intraveineuse. Selon le patient, le cancer, le stade d'avancement, le type de chimiothérapie et le dosage, le traitement par intraveineuse sera appliqué soit à des patients restant hors de l'hôpital et n'y venant que pour le traitement, soit à des patients devant être admis pendant plusieurs jours ou alors plusieurs mois dans l'hôpital. Quelques agents sont administrés oralement comme c'est le cas pour la prednisone, le melphalane et la gemcitabine. Pour une administration par intraveineuse continue, fréquente ou prolongée, plusieurs dispositifs peuvent être installés chirurgicalement dans le dispositif vasculaire afin d'y maintenir un accès. Les dispositifs souvent utilisés sont :
- le cathéter de Hickman (ou cathéter tunnellisé)
- le port-a-cath (ou chambre à cathéter)
- la ligne de PICC (pour peripherally inserted central catheter ou cathéter central inséré périphériquement)
Ceux-ci ont un très petit risque d'infection, et ont moins de risques de provoquer une thrombose veineuse profonde (phlébite) ou une extravasation (fuite du produit en dehors du vaisseau où il doit être introduit) ; les produits utilisés sont fréquemment des agents cytotoxiques ou caustiques qui sont dilués dans le sang. Dans le cas d'une extravasation, ces produits peuvent endommager ou alors tuer les tissus environnants, d'où l'intérêt de ces techniques. Elles abolissent en effet l'obligation d'insertions répétées de canules périphériques.
Il existe aussi une forme d'administration dans les artères. Cela peut être fait en combinaison avec l'ouverture osmotique de la barrière hémato-encéphalique.
Effets secondaires
Le traitement peut être épuisant pour le patient. Les techniques chimiothérapeutiques courantes actuelles ont un certain nombre d'effets secondaires touchant généralement les cellules corporelles à division rapide. Effets secondaires importants les plus rencontrés (en fonction de l'agent) :
- Mucites, autrement dit une inflammation des muqueuses, surtout buccale. Elle apparait à peu près 1 à 2 semaines après le début du traitement et peut empêcher de boire ou de manger quand elle est sévère. Sa prévention repose sur les soins bucco-dentaires préalables, l'hygiène bucco-dentaire et sur l'action de sucer des glaçons (activité démontrée) [2].
- Alopécie (Perte des cheveux)
- Nausées et vomissements
- Diarrhée ou constipation
- Toxicité hématologique qui concernent :
- les globules rouges. Cette toxicité peut entrainer une Anémie. En prevention il est préconisé l'utilisation d'Erythropoiétine EPO selon le type de chimiothérapie et le taux d'hémoglobine à la prescription (inférieur à 10 gr)
- les globules blancs. Cette toxicité peut entrainer une dépression du dispositif immunitaire d'où des infections (potentiellement mortelles) et des états septiques. En prevention il est préconisé d'utiliser des facteurs de croissance granulocytaires (GCSF) selon le type de chimiothérapie
- les plaquettes. Cette toxicité peut entrainer des hémorragies
- Cardiotoxicité
- Hépatotoxicité
- Néphrotoxicité
- Toxicité unguéale, autrement dit des lésions des ongles (mains et pieds) qui peuvent être douloureuses et inesthétiques. Sa prévention repose sur des soins locaux (vernis opaques durcisseurs) et des soins de froid (compresses congelées mises autour des poignets et des chevilles) 15 minutes avant, pendant et 15 minutes après la chimiothérapie (Taxotére)
- Asthénie
- Neuro-toxicité
Notes
- ↑ À propos de cette découverte capitale, aux retombées énormes, il faut citer Marcel Delépine, membre de l'Académie des sciences, membre de l'Académie de médecine et de l'Académie de pharmacie (Ernest Fourneau (1872-1949). Sa vie son œuvre. Paris, Masson et Cie, SD) : «On est véritablement stupéfait que l'ensemble des bénéfices moraux et matériels d'une telle découverte aient été concentrés sur Domagk seul, par l'attribution du prix Nobel, tandis que les applications et les bienfaits innombrables de la thérapeutique sulfamidée dérivent seulement de la découverte faite à l'Institut Pasteur.»
- ↑ Revue Prescrire, n°282, Avril 2007, mucites orales dues aux traitements anticancéreux
Bibliographie
- MR Tramer et al. Cannabinoids for control of chemotherapy-induced nausea and vomiting : quantitative systematic review. BMJ 2001 323 : 16-21. http ://www. bmj. com/cgi/content/full/323/7303/16
Voir aussi
Liens externes
- (en) Base de données de régimes de chimiothérapie
- (fr) Cancer : Effets secondaires de la chimiothérapie, Le Généraliste n°2118, 15 mai 2001
- (fr) Parlez des Nausées et Vomissements induits par la chimiotherapie Pour parlez des effets secondaires induits par la chimiotherapie
Recherche sur Amazone (livres) : |
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 06/11/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.